"Metz au temps de l'Art déco apporte un éclairage neuf et unique sur l'extraordinaire aventure urbaine de Metz. Après Metz royale et impériale, amplement documentées — et les auteurs de cet ouvrage n'y sont pas étrangers — voici que s'ouvre le livre de Metz républicaine.
Une république victorieusee comme l'étaient le royaume et l'empire, triomphante au risque de paraître revancharde aux yeux de certains. Une république qui cherche à figer son pouvoir dans la pierre, à l'affirmer par le béton ou la brique comme jadis et naguère par la pierre de Jaumont ou le grès des Vosges. À nouveau Metz, se fait ville palimpseste, réécrite par ses nouveaux maîtres sur des lignes deux fois millénaires.
Cette réécriture est pourtant singulière, et c'est cette singularité que détaille admirablement bien l'ouvrage de Christiane Massel, Pierre Maurer et Christiane Pignon-Feller : cette réécriture-là est une œuvre collective. À l'impulsion de Paris ou Berlin qui dictait encore les œuvres de Blondel, Tornow, Kröger, ou Whan, succèdent les choix propres de la municipalité messine et ses acteurs : élus, bureau d'études, architectes, services.
Metz au temps de l'Art déco va bien au-delà de l'exploration esthétique d'une époque : c'est une véritable enquête sur les responsabilités croisées des acteurs. Au-delà du symbolisme politique des œuvres architecturales ou de la statuaire messine, l'ouvrage nous rappelle que l'art architectural dans sa genèse même est politique : l'œuvre n'est jamais pure, mais résulte des rapports de force entre inspirateurs, concepteurs, financeurs, controleurs. On lira à cet égard avec intérêt les échanges, d'une indéniable modernité, entre services de l'Etat et services de la Ville, entre volonté politique et impératifs techniques que relate la première partie de l'ouvrage.
Il faut enfin admirer l'enthousiasme et les promesses qui se dégagent de ces vingt années, qui, jusqu'au dernier moment, n'ont jamais été envisagées comme un "entre-deux-guerres". Ce discours architectural est un discours fier et radical, conscien de sa modernité, et qui parfois s'affranchit tout à fait des codes passés.
Gardons-nous de mettre entre parenthèse cette audace. L'élan créatif de ces "vingt prometteuses" valut à Metz une estime et un intérêt national. Cultivons précieusement cette capacité à inventer : seule l'audace nous ouvre les portes du Monde de demain. "
Dominique Gros - Maire de Metz
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