L’ARMÉE DE L’OMBRE
Le détournement est ma manière, ma matière artistique. L’objet est là, je m’en empare, je le détourne, je le retourne, je le contourne. Avec ou sans transformation, j’en propose une autre lecture, je lui donne un autre sens.
Ainsi de ces 150 personnages étincelants, qui s’avancent vers nous. Par fronts de cinq, sur trente rangées. Qui sont-ils ? Les avatars, au choix : des « Guerriers de l’Éternité », de la dynastie de Qin (220 avant JC) ? Des travailleurs de la ville basse de Metropolis, le film de Fritz Lang (1927) ? Des « Terracotta Daughters » de Prune Nourry (2012-2030) ?
Ceux-là sont d’origine industrielle, de banales poches plastiques ayant contenu du vin ordinaire. À leur manière, ces anthropomorphes à tête minuscule nous révèlent, dans ce long cortège, leur dérisoire condition humaine. Ils passent. Tous identiques, cependant tous différents, ils pourraient bien relever la tête un jour.
Le fond de scène, ici, cette grande baie monumentale à la géométrie rigoureuse, révèle une étrange corrélation avec le décor du film Metropolis lors de la relève des travailleurs, dont la marche accablée, réglementée, interminable, nous émeut. Mais à chacun de nous, de vous, d’inventer une histoire congruente à son imaginaire.
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Réalisation technique en collaboration avec Aurèle Duda
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